Cassidy marchait dans le couloir, elle était préoccupée. Le cours de Potions ne s'était pas passé comme elle l'avait voulu et elle commençait à se demander si elle avait bien fait de conserver cette option en ASPIC. Mais c'était nécessaire si elle souhaitait devenir Médicomage ! Seulement elle pensait que peut-être ce métier ne serait pas fait pour elle. Elle avait aussi bien d'autres tracas qu'elle ne pouvait confier à personne. D'ailleurs, au bout de quelques dizaines de mètres, la Serdaigle avait repris sa constance, au cas où elle croiserait quelqu'un elle ne voulait pas être vue dans un moment de faiblesse, c'était extrêmement important car n'importe qui pouvait surgir au coin du couloir.

En tous les cas, elle ne s'attendait pas à tomber sur Nicolas Clark, un Gryffondor de 5ème année que les Serpentard et accessoirement la bande de Will avaient pris en grippe et lui faisaient les pires misères qui puissent exister. Cassidy surveillait cela de loin d'ailleurs ... Nicolas avait l'air sacrément amoché. Elle ne pouvait pas passer sa route sans l'aider.

"Qu'est-ce qui t'es arrivé, t'es tombé dans un escalier ?" lui demanda t'elle sans sourciller.

Elle alla près de lui et passa sa baguette sur les plaies du jeune homme pour les guérir. Cette fois encore, ses talents en Médicomagie s'avéraient utiles. Mais il aurait certainement besoin de quelques potions encore pour l'aider à aller mieux.

"Fait attention Nicolas, ce n'est pas la première fois que je te retrouve dans cet état. Dit-moi ce qui s'est passé."

La Serdaigle avait finit, à force, par prendre le Gryffondor sous son aile et l'aidait en toutes circonstances, quand elle le pouvait évidemment.

Le Gryffondor la remercia alors. Mais la vraie récompense pour elle c'était de le voir se relever et marcher. Elle hocha la tête en esquissant un sourire à peine perceptible et rangea sa baguette dans sa manche.

"C'est normal."

C'est alors que Nicolas tourna la tête avant de lui répondre alors qu'elle lui demandait comment il s'était mis dans cet état. Ce geste alerta Cassidy qui l'observa plus qu'elle ne l'écouter. La Serdaigle pinça les lèvres et le regarda d'un air suspicieux.

- Je suis aller dans la forêt interdite pour me promener et je suis tomber sur des bêtes pas très gentilles. Je sais bien que je n'aurais pas du y aller, ce n'est pas pour rien qu'elle est interdite. Mais bon tu me connais, on ne me refait pas.

Elle lui tendit son bras pour l'aider à marcher tout en l'écoutant. Quand il eut fini, elle répondit sans même lui laisser le temps de réfléchir plus en profondeur à son mensonge :

"Quelles bêtes ? Des Doxys ? Il paraît qu'il y a un buisson qui en est infecté."

Le ton de sa voix était affable, comme d'habitude. Elle verrait ainsi si le Gryffondor marcherait dans son piège et lui mentait. Chose que Cassidy repérait tout de suite assez rapidement, et qu'elle détestait tout autant. Cela faisait plusieurs fois qu'elle soupçonnait que Nicolas lui raconte des inepties, mais elle avait décidé, cette fois, de le piéger.

Nicolas ne marcha pas, mais il sauta à pieds joints dans le piège que venait de lui poser Cassidy. Impassible, elle le regarda avec insistance et s'arrêta de marcher. Elle était peu surprise de constater que son ami lui avait menti, mais elle était aussi déçue. Elle le regarda dans les yeux, elle savait que si elle faisait cela il ne pourrait pas lui mentir d'avantage.

"Les Doxys ont des petites dents très acérées, elles mordent. En revanche, elle ne griffent, ni ne brûlent." Dit-elle simplement.

Elle n'accabla pas Nicolas d'avantage, mais elle lâcha son bras et croisa les siens en regardant tristement vers le sol. Cassy n'était pas du style à forcer les gens à lui confier des choses, mais elle ne voyait pas comment elle pourrait lui apporter son aide s'il s'obstinait à lui mentir. Finalement, elle releva les yeux vers lui parce que son regard parlait plus que les mots. Après quelques longues secondes de silence, elle reprit la parole.

"Ne cherche pas à m'épargner. C'est Tom qui t'a fait ça, n'est-ce pas ? Ce n'est pas parce que je le connais et que c'est un ami que je cautionne ce qu'il fait. J'irai lui parler, ça ne peut pas continuer comme ça."

Elle était certes partagée entre son attachement à Nicolas et son amitié de longue date avec Tom mais ce n'était pas pour autant qu'elle cautionnait totalement ce que faisaient les Serpentard. D'autant que Will semblait les suivre et ça ne lui plaisait pas du tout. A aucun moment, qu'il soit l'investigateur de ces violences ne venait lui caresser l'esprit cependant.

A vrai dire, Nicolas n'était pas la seule victime de Tom. Une de ses préférées, certes, mais pas la seule. Alors en réalité le Gryffondor ne lui apprenait pa grand chose. Cassidy contrairement à son frère n'était pas sensible aux questions de la pureté du sang et ne faisait nullement l'amalgame entre son père et entre les actes commis par les Moldus, mais ils avaient leur propre guerre et les sorciers avaient la leur. Ainsi allaient les choses.
Sans ciller elle fixa son ami. Elle était d'accord quand il disait qu'il avait un côté manipulateur : Will n'était pas le même en sa présence. Mais elle n'était pas prête à entendre que c'était lui qui avait jeté le sort qui avait blessé le jeune homme ... Il avait du se tromper, ou ça avait du être quelqu'un qui lui ressemblait. Il y avait forcément une explication.

"Ne dit pas de bêtises. William et moi sommes de Sang-Mêlé. Cette simple vérité fait qu'il ne sera jamais capable de torturer les enfants des Moldus, il en est un lui-même. Mais je sais que Tom écoute ses conseils, et j'irai lui parler."

Parce que Cassidy se souvenait encore de la période où les rôles étaient inversés, où Tom était jeune et que William l'avait prit sous son aile mais elle ne se doutait pas que depuis quelques mois le Préfet de Serpentard avait renversé la vapeur.

Il était difficile de convaincre Cassidy des méfaits de son frère et très probable qu’elle continue à les nier même avec une preuve tangible. La jeune Serdaigle se voilait complètement la face au sujet de son frère et ne craignait qu’une chose : être séparée de lui. Tout son être et toute sa conscience se tendaient pour que cela n’arrive pas, mais un jour, leurs chemins se sépareraient peut-être.

La réaction de Nicolas fût vive et elle sursauta puis le regarda d’un air suspicieux. Pourquoi irait-il voir quelqu’un qui venait de lui faire subir la pire des tortures ? Ca n’avait pas de sens. Sentant bien qu’on l’écartait volontairement, Cassidy desserra les dents et abdiqua.

« Soit. »

Mais ce n’était pas pour ça qu’elle obéirait. Elle avait bien l’intention de signifier à Will qu’il ne vaudrait mieux pas qu’il s’aventure sur ce terrain à l’avenir, car il pourrait avoir des ennuis. Cassidy eut soudain l’air triste. Ce genre d’explication, Will et elle ne les avaient pas avant. Ils n’avaient même pas besoin de se parler pour se comprendre mais depuis quelques temps, les choses devenaient plus compliquées.

« Si tu n’as pas besoin de mon aide, alors je ferais mieux de partir. Tu te débrouilles effectivement très bien tout seul, Nicolas. »

Elle fît un signe de tête poli, et s’éloigna de quelques pas.

Cassidy n’était pas blessée ni même déçue mais elle était engouffrée dans la brèche ouverte par Nicolas pour pouvoir partir. Elle préférait suivre cette situation, fuir le garçon qui voulait lui faire comprendre qui était réellement son frère car elle rejetait cette vérité de tout son être. Le cœur battant dans ses tempes, meurtri parce cette vérité qu’elle ne pouvait pas accepter, elle marchait vite, comme si elle voulait fuir. Et d’ailleurs, elle voulait fuir.

Mais Nicolas la rattrapa et lui expliqua pourquoi il ne souhaitait pas qu’elle parle à William. La raison lui paraissait étrange et elle s’apprêtait à lui répondre quand il dit quelque-chose qui ne lui permit pas de répliquer. Cassidy sentit alors ses joues s’empourprer tout à coup et sentit ses pieds se clouer au sol. Elle ne savait pas si c’était les paroles du jeune homme, ses larmes, ou juste le fait qu’il ait manifestement besoin d’elle, elle n’arrivait plus à bouger, et avait la mâchoire scellée et les yeux grand ouverts.

Cassidy était une enfant des services sociaux et ne savait pas ce que c’était d’être réellement importante pour quelqu’un, hormis Will bien sûr. Dans les foyers ou dans les orphelinats, vous êtes un enfant parmi tant d’autres, personne ne vous écoute quand vous avez du chagrin et personne ne s’inquiète pour vous lorsque vous êtes malade. Cette manifestation soudaine d’intérêt de la part du Gryffondor était inattendue, la mettait extrêmement mal à l’aise, et en même temps, lui faisait égoïstement plaisirs.
Elle réussit à desserrer les mâchoires.

« N … Non … »

Elle se rendit compte aussi qu’elle ne respirait plus, et qu’elle avait serré les poings de manière à enfoncer ses ongles dans ses paumes. Alors elle prit une grande inspiration et continua.

« Non je … ne … t’abandonnerai pas … je te le promets. »

Nicolas la touchait et elle se rendit compte que ce n’était pas là un simple lien amical qui les liait, quelque-chose de beaucoup plus compliqué et de moins anodin que ça. Ils se comprenaient et c’était bien la première fois qu’elle ressentait autant d’empathie envers quelqu’un. Elle sentit même les larmes lui monter aux yeux, elle qui d’ordinaire affichait un air affable.

Cassidy tourna la tête pour que Nicolas ne voit pas ses yeux briller et ils se mirent à marcher tout naturellement dans le couloir. Elle serra son livre contre elle comme s'il avait pu la protéger et s'assied à côté du Gryffondor sans parvenir à le regarder. Elle regarda le sol, un point imaginaire situé entre ses pieds et l'écouta se confier à elle. Elle ne savait pas ce qu'elle avait dit ou fait pour qu'il puisse à ce point avoir confiance en elle, et elle ne savait pas pourquoi elle avait confiance en lui non plus mais il lui parut tout naturel de lui parler ensuite.

"Moi aussi ..."

Cassidy leva doucement la tête et plongea son regard brun dans les yeux de Nicolas. Elle savait maintenant pourquoi elle avait l'impression qu'il pouvait la comprendre.

"Will et moi on a grandit dans des orphelinats. On a perdu notre maman quand on était petits ..."

Elle avait la voix qui tremblait, elle n'avait jamais confié cette histoire à personne.

"Notre père était en prison."

Après avoir dit ça, ses mâchoires se scellèrent et elle eut de nouveau du mal à parler. Sa respiration se bloqua et elle serra le bord de sa jupe entre ses doigts.

Cassidy sentit à peine la main de Nicolas sur la sienne, mais elle serra ses doigts compulsivement. La simple idée que George Galbraith était maintenant libéré était terrifiante et elle avait peur de le voir surgir à n'importe quel moment. Mais Nicolas avait raison, elle était en sécurité à Poudlard, il ne pouvait rien lui arriver.

"C'est ridicule, n'est-ce pas ? C'est ridicule d'avoir peur lorsqu'il n'y a pas de raisons."

Elle baissa tristement la tête. Sa vie, au fond, se résumait à ça : avoir peur et attendre. Avoir peur de tout et surtout des hommes, et attendre chaque été la fin des deux longs et pénibles mois durant lesquels elle était séparée de William. Elle n'avait rien d'autre qui la raccrochait à la vie que la présence de son frère. Alors admettre qu'il empruntait un chemin sur lequel elle ne pouvait pas le suivre lui semblait intolérable.

Et puis elle sembla réaliser qu'il avait pris sa main et baissa les yeux sur leurs doigts entremêlés. C'était la première fois que quelqu'un lui prenait la main pour la rassurer, et non pour l'emmener quelque-part dans une position infantilisante, dans un endroit qu'elle n'avait pas choisi. Cassidy serra à nouveau les dents, mais s'autorisa à profiter encore un peu de ce contact rassurant, complice.
Elle releva la tête, le regard fixe et recommença à parler. Elle ne savait pas ce qui la poussait à la confession, mais continua.

"Quand j'avais 4 ans et demi ... ou cinq ... sept ... Je ne sais plus. Je jouais avec une balle de tennis à la maison. Mon père me l'avait interdit, et j'ai cassé une carafe en cristal d'une grande valeur. Il a voulu me tuer."

Cassidy racontait cette horreur affable. Si elle laissait une porte ouverte sur ses émotions, elle était certaine de flancher pour de bon, et elle ne le voulait pas. Elle s'était promis de ne plus verser une larme à cause de lui.

"Il a commencé à me frapper, et il a serrer mon cou pour que j'étouffe. C'est William qui m'a sauvée."

William avait alors pris la volée destinée à sa soeur et ce n'était pas la première fois, mais cela avait été sans doute la plus violente, celle qui avait vraiment marqué Cassidy alors qu'elle avait eu le regard plongé dans celui d'un homme qui voulait sa mort.

Cassidy se détendit un peu en voyant le sourire de Nicolas et trouva même la force de lui renvoyer. Rassérénée par le Gryffondor, il ne lui vint pas à l'idée de retirer sa main parce que ce geste s'était fait naturellement.

"Merci ..." dit-elle avec une pointe de chaleur dans la voix qu'on avait trop peu l'habitude d'entendre.

La Serdaigle reconsidéra pendant un moment Nicolas et dut admettre qu'elle se sentait rassurée en sa présence alors que c'était elle qui lui avait porté secours il y avait de cela quelques minutes. La situation s'était totalement inversée et elle ne s'en plaignait pas.
Soudain le visage du Gryffondor se tordit de douleur, et celui de Cassidy retrouva son habituelle expression neutre.

"Une côte cassée ? Ce n'est rien, je vais te réparer ça en deux secondes."

La jeune fille sortit sa baguette de tilleul argenté et la pointa sur la blessure à travers la chemise du Gryffondor. Elle commençait à avoir une bon niveau en médicomagie maintenant et guérir une fracture était devenu une simple formalité pour elle.

"Et voilà, tu vas pouvoir courir autant qu'avant ..."

Ce n'était pas parce que la blessure de Nicolas était guérie que cela effaçait l'incident pour autant et Cassidy avait toujours la ferme intention d'en toucher mot à William. La cloche retentit alors pour signifier aux élèves qu'il serait temps de reprendre le chemin des salles de classe et Cassidy avait justement un cours de Sortilèges et Enchantements.

Elle se leva, fît quelques pas et se retourna vers le Gryffondor.

"Ca te dirait qu'on aille à Pré-Au-Lard Samedi ? Je n'y suis jamais allée, et j'irais bien avec un ami."