Cassidy marchait d'un pas rapide dans les couloirs de Poudlard en cette fin d'après-midi. Elle voulait être sûre de pouvoir voir William, son frère. Avant, elle savait toujours à peu près où il se trouvait dans le château, mais cela lui devenait de plus en plus difficile. Elle avait le sentiment de ne plus le comprendre, qu'ils s'éloignaient, et commençait à l'angoisser un peu. Elle finit par le repérer au fond du parc de Poudlard, vers la cabane du Garde-Chasse, et le rejoignit tout en réfléchissant à la manière dont elle pourrait amener ce qu'elle avait à lui dire.
Il y avait deux choses qui préoccupaient Cassy. La première c'était l'état dans lequel elle avait retrouvé Nicolas, un Gryffondor de 5ème année, passé à tabac apparemment par Tom et sa bande. Il fallait qu'elle en parle à Will, elle se figurait alors que Tom l'écoutait un peu mais elle se fourvoyait complètement. La seconde, c'était la lettre qu'elle avait pliée en quatre dans sa poche et qu'elle n'avait pas osé ouvrir depuis sa réception la semaine précédant la rentrée.

William était la seule constante de la vie de Cassidy et la seule personne avec qui elle se permettait d'être elle-même. Dès qu'elle l'eut repéré, elle pressa le pas pour le rejoindre le plus vite possible car depuis la rentrée ils ne s'étaient pas tellement parlé. Bien sûr, il y avait eu leurs échanges de lettres, mais le contact physique avec son frère lui manquait et ne pourrait pas être remplacé par tous les mots du monde.

"Will ..."

Alors quand elle fondit dans ses bras son visage s'illumina enfin par un sourire. Elle y resta un moment lovée en cherchant sa chaleur et son réconfort. Pour les personnes de l'extérieur, la relation entre Will et Cassy paraissait étrange et malsaine, mais il suffisait de savoir tout ce qui leur était arrivé pour comprendre que l'un sans l'autre, ils n'auraient tout simplement pas pu survivre. Cassidy vivait toujours très mal d'être séparé de William l'été, même si elle avait 17 ans, et il en irait ainsi jusqu'à la fin de sa vie.
Elle se détacha de lui un peu, et ils se mirent à marcher ensemble tranquillement.

"Will', il faut que tu parles à Tom. J'ai retrouvé Nicolas Clarke dans un état ... lui, il t'écoute ! Il ne faut pas qu'il fasse ça, il va finir par s'attirer des problèmes ! Et Nicolas n'avait rien fait pour mériter une correction pareille ..."

La conversation prit une tournure à laquelle Cassidy ne s’attendait pas, et à vrai dire, elle était dépassée depuis quelques temps par le comportement de William et le regarda perplexe. Cassidy n’avait aucun ami et le nombre des personnes avec lesquelles elle s’entendait bien était extrêmement réduit. Elle ne voyait tout simplement pas depuis quand il fallait que ces gens soient ses amis pour leur venir en aide. La jeune femme serra les dents et regarda son frère, comprenant que d’une certaine manière elle venait de le contrarier.

« Tu prendrais sa défense parce que … parce qu’il n’a rien fait de mal. » dit-elle d’une voix blanche.

Elle ne dit plus rien ensuite, mais ce que lui demanda William la mortifia complètement. Que son frère pense qu’elle était contre lui était la pire chose qui pouvait lui arriver.

« Mais non, jamais ! »

Son petit sourire n’y changeait rien, Cassidy avait peur et très vite ses yeux brillèrent. Elle sentit qu’il valait mieux éviter le sujet à l’avenir. Elle baissa la tête et serra ses mains autour de l’enveloppe qu’elle avait apportée.

« Je suis désolée … »

Le jour où elle pourrait sacrifier quelque-chose pour son frère viendrait peut-être mais il n’était pas encore arrivé. Elle craignait plus que toute chose qu’ils soient séparés.

Cassidy paraissait profondément attristée que William pense ça. Sa réaction le toucha. Il n'avait pas voulu la blesser, loin de là. Mais il fallait qu'elle comprenne aussi que Nicolas Clark.... NON ça n'était pas possible du tout. Rien que de les imaginer tous les deux lui donnait envie de vomir. Il chassa cette idée déplaisante de sa tête et passa un bras autour des épaules de sa sœur, la rapprochant ainsi de lui.

- Ce n'est rien Cassi...

Il passa la main dans les cheveux de Cassidy et parla sur un ton qui se voulait doux et rassurant.

- C'est juste que... Je me fais du soucie pour toi. Je ne veux pas qu'il te fasse souffrir.

En parlant ainsi de Clark, William espérait faire croire à Cassidy que sa rancune envers lui n’existait que par rapport à elle. Un frère se doit de protéger sa sœur des mauvais garçons, ce que Nicolas était. Tout cela était logique. Et puis, même si le né moldu avait été de sang pur Will ne l'aurait jamais laisser approcher de sa sœur. Il ne laisserait jamais aucun homme s'approcher d'elle.

- C'est pour cette raison que je veux que tu t'éloigne de lui, lui dit-il toujours sur le même ton.

Voulant apaiser les tensions qui régnaient entre eux, il changea de sujet. Il remarqua la lettre que sa sœur tenait si fermement dans sa main et la questionna.

- Tu voulais me parler de quelque chose d'autre peut-être ? Lui dit-il en désignant la lettre du menton.

Cassidy avait le regard fixe et la mâchoire serrée en essayant de ne pas pleurer. D'habitude, montrer ses émotions à William ne lui posait pas de problèmes, mais là que ça concernait Nicolas Clark, elle avait besoin de l'enfouir au fond d'elle pour protéger sa relation amicale avec le Gryffondor. Jamais Cassy n'aurait cru qu'elle devrait un jour cacher quelque-chose à son frère. Alors elle ne dit rien, elle ne promit rien. Je sais bien qu'on dit "qui ne dit mot, consent", mais cette fois Cassidy n'était pas d'accord. Pour la première fois, et cela la perturbait beaucoup. Elle baissa tristement la tête, bien que William ne pensait pas à mal cette attitude la blessait et elle en avait presque oublié la lettre.
Si bien que lorsqu'il l'évoqua, ses mains se mirent à trembler.


"O ... Oui."

Elle prit une grande inspiration avant de commencer.


"Cet été j'ai été convoquée dans le bureau de Soeur Lucy. Elle a dit qu'un homme s'était présenté et qu'il ... qu'il avait voulu voir. Me voir. Que c'était ... George Galbraith."

Cassidy n'arrivait pas à le qualifier comme étant son père.

"Il ... a eu une libération conditionnelle pour bonne conduite mais elle ne l'a pas laissé me voir ... Par contre, quelques jours après j'ai reçu une lettre ... J'ai pas eu le ... J'ai pas pu. J'ai peur."

Cassidy se sentait ridicule d'avoir peur de lire une simple lettre, mais elle avait besoin de William pour cela. Pourquoi lui avait-elle écrit à elle, et non à lui ? Ca demeurait un mystère

Lorsque William entendit le nom de George Galbraith, il se figea une fois de plus. Ce nom lui était insupportable. Autrefois il l'associait à la peur, à la violence. Maintenant c'était à la haine. William n'avait jamais considéré cet homme comme son père, il n'avait donc aucun scrupule à souhaiter sa mort.
Will comprit la détresse de sa sœur en entendant sa voix trembler. Il la prit dans ses bras et l'étreignit. Il savait très bien ce qu'elle ressentait. Elle avait toujours eu peur de cet homme, William la revoyait enfant pleurer après qu'il l'ai frappée, pour des broutilles. Cette pensée l'ému aux larmes, mais il les retint et resserra son étreinte.

- Je comprend... Ca va aller Cassi chérie.

Tout ce que William avait fait dans sa vie c'était pour contribuer au bonheur de sa sœur, à sa sécurité. Lorsqu'il s'était interposé entre George et elle à maintes reprise, au risque de mourir sous ses coups, il l'avait fait pour l'épargner. Il n'avait plus sa mère, Cassidy était tout ce qui lui restait, tout ce qui importait. Et à cet instant précis il ne pensait à rien d'autre, il avait oublié leur différent à propos de Clark, il avait même oublié ses projets avec Tom.

Savoir que George était sortit de prison et qu'il rôdait en quelque sorte autour de Cassidy plongea William dans une haine et un désespoir profond. Il ne pouvait plus la laisser repartir dans son foyer pour les vacances, il se débrouillerait mais ils resteraient ensemble. Et si ce dernier voulait un contact il devrait passer par son fils, ça donnerait une occasion à Will de régler ses comptes une bonne fois pour toute. Il était un homme maintenant et était en mesure de se défendre comme il se devait. Mais il se doutait que son père s'était adressé a Cassidy parce qu'il redoutait de voir William. Le soir où George à tué la mère des enfants, le jeune garçon s'est interposé. Il n'avait pas d'arme, pas de baguette pour se défendre, mais c'était un sorcier. Sa rage fût telle qu'il envoya son père au tapis rien qu'avec sa force mentale. Depuis cet instant George Galbraith n'a plus donné signe de vie, jusqu'à aujourd'hui.
Cassidy toujours blottie dans ses bras, il tenta de la rassurer du mieux qu'il pouvait.

- Ne t'en pas fais. Je ne laisserais personne te faire du mal, j'ai toujours été là et je le serais à jamais. Ouvrons cette lettre ensemble.

Très perturbée, Cassidy se réfugia dans les bras de son frère. Elle savait qu'elle lui créait beaucoup de problèmes et qu'elle lui en demandait beaucoup. D'eux deux, Cassy était certainement la plus fragile, mais William celui qui se mettait le plus en danger, qui avait toujours protégé sa mère et sa soeur. C'était lui aussi qui s'était dressé contre George Galbraith sans jamais faillir, Cassidy ne s'en était jamais senti la force et avait laissé cet homme la détruire.

William la prit dans ses bras et tenta de la rassurer, mais la jeune fille fût prise de violents tremblements. Elle n'avait jamais vraiment pleuré depuis la mort de leur mère et enfouissait soigneusement ses émotions au creux de son ventre. Alors on disait d'elle qu'elle était froide et inflexible ... Mais si elle laissait passer ne serait-ce qu'une once de sentiment elle savait qu'elle s'écroulerait comme un château de cartes. Comme lui, elle retenait des larmes.

Elle dut s'y reprendre à plusieurs fois pour ouvrir l'enveloppe tant ses doigts tremblaient. Et quand elle réussi enfin, elle sortit une photographie Moldue représentant George Galbraith et sa femme, ainsi que ses deux enfants devant leur grande propriété. La famille à l'époque paraissait heureuse mais ce n'était alors qu'une façade. Cassidy ne supporta pas cette vision, et rangea immédiatement le cliché dans l'enveloppe. Elle déplia la lettre et lu les premiers mots avant de commencer à lire d'une voix tremblante.

"Ma chère Cassidy,

La mère supérieure à St Andrews ne m'ayant pas laissé te voir, je n'ai d'autres choix que de t'écrire cette lettre. J'aurais cependant préféré te parler de vive voix.
Je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir, mais je souhaite tirer un trait sur le passé et rattraper le temps perdu. Aujourd'hui, le temps m'est compté et il me paraît important de renouer avec ma petite fille, qui a du devenir une femme aujourd'hui.

Ton père, qui t'embrasse, George Galbraith.

Le tremblement de ses mains s'accentua. Cassidy était passée en un éclair de la peur à la colère pour deux raisons. Il ne faisait aucune allusion à la période qu'il avait passée en prison et ne semblait pas se repentir. La seconde, c'était qu'à le lire, on pourrait croire que William n'existait pas.

"J ... J ... Jamais ...." bégaya t'elle.

A la vue de la photo jointe à l'enveloppe William eu une violente envie de vomir. Son dégout pour son père était tel que ne serait-ce que le voir en photo lui faisait se sentir mal. Cassidy dût ressentir la même chose car elle rangea immédiatement la photo dans l'enveloppe. Elle lût la lettre à voix haute. A la fin de celle ci, Will n'avait toujours pas bougé. Sa tête était en fusion mais extérieurement il ne laissait rien paraître. Cassi avait besoin qu'il soit fort. George ne mentionnait pas William, c'est comme s'il avait gommé toute trace de lui dans sa mémoire. Ca lui allait très bien, mais il ne pouvait pas ignorer cette lettre et tout ce qu'elle engendrait.

- Je suis heureux de t'entendre dire ça, dit-il sa sœur.

De toute façon il n'était pas question qu'il la laisse le revoir. Il ne lui apporterait que du malheur, elle était trop fragile. C'est du moins ce que pensait Will. Ce qui l’écœurait le plus c'était qu'il faisait comme si rien ne s'était passé, a le lire on aurait crut qu'il avait juste été absent pendant quelques temps.

- Tu vas lui répondre Cassidy. Tu vas lui dire que tu veux bien le rencontrer, mais ce n'est pas toi qu'il verra. Mais moi.

Le voix de William était dure et froide, ce ton n'était pas destiné à sa sœur mais il était reflétait ce qu'il pensait. Il voulait le rencontrer. Il en avait besoin. Il lui expliquerait calmement – ou pas – qu'il fallait qu'il laisse sa fille tranquille et en dehors de tout ça. Et en fonction de sa réponse, William aviserait. Il avait plusieurs alternative à l'issue de cette discussion....

Cassidy serrait les dents et regardait dans le vide. Elle n'entendait qu'à moitié ce que William lui disait. Elle avait le regard fixe et tous ses muscles étaient tendus, comme si elle voulait se défendre de quelque-chose. Son frère quand à lui faisait tout pour se montrer rassurant, en vain. La jeune fille planta ses yeux bruns, hérités de George, dans ceux bleus de Will qu'il tenait d'Elaine Galbraith et dit sans laisser passer aucune émotion dans sa voix :


"Aujourd'hui. Ca fait 10 ans."

Cela faisait 10 ans qu'Elaine Gabraith avait succombé aux coups de son époux alors qu'elle s'était interposée entre lui et ses enfants et William avait tout vu. Cassidy avait juste entendu les cris de sa mère, puis celui de rage de William avant que George ne voltige au travers de la pièce et s'écrase contre le mur. Il l'aurait peut-être tué si Cassidy ne l'en avait pas empêché car la dernière chose qu'elle voulait c'était qu'il devienne comme leur père, un meurtrier.
Ce jour funeste avait marqué son existence au fer rouge. En réalité, elle avait très peur de deux choses : de ce que pouvait fait George à Will, mais aussi l'inverse.

Les mains toujours tremblante, elle froissa la lettre, l'enveloppe, et y mit le feu sans oublier la photographie.


"C'est hors de question." dit-elle d'une voix blanche.

On voyait alors que Cassidy et William étaient bien de la même famille : ils avaient le même regard dur et froid, le même air autoritaire, et se jaugeaient comme des félins à l'affut. Il n'arrivait pas souvent qu'ils ne soient pas toujours d'accord, mais quand cela se produisait c'était toujours électrique.


"Je ne le reverrai pas, et toi non plus. Aucun de nous deux ne doit accepter de le rencontrer Will'. Il ..."

Cassidy eut soudain l'impression qu'on l'étranglait et se sentit submergée. Ca lui arrivait parfois ... même si elle n'avait jamais vraiment pu sortir toute sa peine. Ses yeux brillèrent et elle fût prise de frissons violents.

"Il a tué Maman. Il a hanté notre enfance et il hante encore mes nuits. Il n'est pas question qu'il revienne dans ma vie de quelque manière que ce soit."

William ne répondit pas à la phrase de Cassidy. Il savait très bien de quoi elle parlait. Dix ans que leur mère était morte. Il y avait pensé toute la journée.
Visiblement, elle n'étais pas d'accord pour que William rencontre George. Il pouvait le concevoir et le comprendre, mais ça n'était pas à elle de prendre cette décision.

- Tu n'a pas ton mot à dire Cassi. Je le verrais, c'est tout.

Elle n'était pas concernée de toute façon. William écrirait la lettre en son nom, mais il n'était pas question qu'elle l'accompagne.

- Ne t'en fais pas, plus jamais il ne fera partit de ta vie. Je peux te l'assurer.

Il se remit à marcher, toujours Cassidy à son bras. Ses pensées se tournaient vers l'homme qu'il haïssait du plus profond de son âme. Celui là même qui l'avait rendu si dur envers les autres. Will se demandait dans quelles circonstances il le rencontrerait, comment était-il après tout ce temps, quelle serait sa réaction en le voyant. Et la question primordiale : pourquoi voulait-il revoir Cassidy. William avait beau retourner le problème dans son esprit, il ne comprenait pas. Ca ne pouvait être par affection, ni pour se repentir. Il l'aurait fait savoir dans sa lettre. De tout manière, chaque mot prononcé ou écrit n'était que mensonge. Cet homme n'avait jamais eu d'affection pour personne, ni sa femme, ni ses enfants.

- Il y a quand même quelque chose qui me chiffonne... Pour quelle raison voudrait-il te revoir ? Enfin, ne te méprend pas, n'importe quel père serait comblé d'avoir une fille comme toi, lui dit-il en souriant. Mais nous parlons de George Galbraith. Aurais-tu une idée, toi ?

La voix de William était douce et plaisante. Les sentiments qu'il éprouvait pour sa sœur étaient à leurs apogée en cet instant. Comme à chaque fois qu'il la regardait d'ailleurs. L'affection qu'il lui portait n'était pas quantifiable, c'était quelque chose qu'il n'éprouvait pour personne d'autre et qui dépassait l'entendement. Il se serait rendu coupable des pires atrocités pour les beaux yeux de Cassidy. Et cet amour lui avait déjà fait peur auparavant. Étant donné que c'est le seul amour qu'il n'a jamais connu, William s'était déjà posé d'innombrables questions à ce sujet. Était-ce normal d'aimer sa sœur autant et d'une telle manière ? Tous les frères et sœurs sont-ils comme ça ? Devraient-ils en parler tous les deux ? Chaque réponses qu'il trouvait l'amener à s'éloigner de Cassi, alors un jour il à arrêté d'y penser et s'est contenter de continuer à l'aimer de tout son être.

Ils avaient beau avoir le même âge c'était William la figure d'autorité entre eux. Mais Cassidy ne baissait pas les yeux pour autant. Il ferait, comme d'habitude ce que bon lui semblerait mais cette fois elle l'en empêcherait, par tous les moyens possibles et inimaginables. Elle se jura à ce moment là qu'elle ferait tout pour empêcher William de sombrer dans les abysses les plus profondes. Il était au bord du précipice depuis bien trop longtemps déjà. Mais elle savait qu'elle devait agir avec subtilité car son frère ferait tout pour aller à son encontre si d'aventure il surprenait sa manipulation. Alors s'il rencontrait George Galbraith, Cassidy ne serait pas bien loin ... elle ne serait plus très loin maintenant et porterait une attention toute particulière ses moindres faits et gestes.

La jeune Serdaigle prit naturellement le bras du Serpentard et posa sa tête sur son épaule puis sourit au compliment de son frère. Ce genre de marques d'affections étaient monnaie courante entre eux et nécessaires en même temps.
Il avait été la seule constante dans sa vie pendant plus de dix ans.
Le jour de la mort de leur mère avait été un jour terrible dans leur existence et Cassidy avait appris à ne plus rien ressentir depuis ce jour. Ne plus ressentir pour ne pas souffrir.
Elle avait verrouillé toutes les portes de son coeur pour ne pas déverser sa peine, ne pas alourdir le fardeau que portait son frère et qu'elle jugeait immense.

Pourquoi leur géniteur voulait-il la revoir ? Ca, elle n'en avait aucune idée et ne voulait pas le savoir. Cela ne pouvait pas être une bonne chose.

"Je préfèrerais me faire passer pour morte plutôt que de lui donner un seul signe de vie."

C'était une manière pour elle de signifier, une nouvelle fois, qu'elle ne souhaitait pas que William le rencontre. Elle savait cependant qu'il n'en aurait rien à faire et lui fît face une nouvelle fois avant d'aller dans les bras qu'il lui ouvrit tout naturellement.

"J'ai peur de te perdre William ... Si ça arrive je sais que je ne m'en remettrai pas. Mais si tu deviens comme lui, ça me tuera."

William était fier de la réponse de sa sœur. C'est dans ces quelques mots qu'on voyait qu'ils étaient du même sang, en d'autres circonstances William aurait répondu la même chose, avec la même force. Il resserra son étreinte autour de sa sœur et se mit à rire.

- Je te reconnais bien là chère Cassidy.

Dans un soupir, il lui dit :

- Ahh... Si tu savais comme je suis fier de toi.

Il avait marmonné ça plus pour lui même que pour elle. Mais Cassidy assombrit a nouveau l’atmosphère. En entendant ses paroles, il resserra une fois de plus son étreinte mais cette fois ci de manière violente. Ces derniers temps il perdait son self-control un peu trop souvent à son goût. William essayait de garder son calme au détriment des épaules de sa sœur qu'il serrait de plus en plus fort sans s'en rendre compte.

- Ne dis plus jamais ca Cassidy, son ton était menaçant. Ne parle pas de mort, pas de la tienne. S'il te plait.

Comprenant qu'il était en train de couper la respiration de Cassidy, il la relacha et s'élogna de plusieurs pas. Il était paniqué, il venait de faire du mal à sa sœur, pour la première fois de sa vie. La vie de Cassi avait été en danger en sa présence. C'était inadmissible, encore plus venant de sa part. Son regard était perdu, ses yeux bleus cherchaient de l'aide. Mais ils ne pouvaient en trouver. Il s'asseya dans l'herbe, la tête dans ses bras et entreprit de se reprendre. Après quelques secondes d'inspirations et d'expirations il réussit à se calmer.

- Je..., il prit une grande goulée d'air puis reprit. Je suis désolé. Tu ne me perdra pas Cassi, jamais. C'est moi qui suis en train de te perdre.

Il avait dit tout ça sans la regarder, toujours la tête dans ses bras. Mais c'était désormais la honte qui prenait le dessus. Il avait fait du mal a Cassi et pour couronner le tout elle l'avait vu dans un état de panique qui n'était jamais arrivé avant.  Il resta silencieux quelques minutes puis releva la tête et plongea son regard dans celui de Cassidy. Le visage de William était déformé par le chagrin, la douleur et la honte. Et une autre émotion qu'il n'avait pas ressenti depuis des années.... La peur. Il avait peur de ce que sa sœur jumelle pouvait penser de lui dés à présent. Il était censé être leur pilier à tous les deux, être quelqu'un de fort, un symbole pour elle. Et tout ça avait volé en un éclat à partir du moment où il avait songé à la mort de la jeune femme. Il s'était rendu compte d'un coup de  tout ce qui avait changé entre eux, la distance qui s'était installée. C'était comme une claque en pleine face.
Voulant échapper au regard de sa sœur, il se leva d'un bond.

- Je... euh...Je dois y aller. Excuse moi. On se voit plus tard.

Comme le roseau Cassidy ployait mais ne céderait jamais à personne. Un seul être sur terre avait le pouvoir de la briser et contre toute attente c'était celui qui la serrait dans ses bras en lui manifestant une affection plus que déraisonnable. La jeune fille riait avec lui mais ne pu s'empêcher de manifester son inquiétude ce qui provoqua une réaction inattendue chez William. Il la serra si fort entre ses bras qu'il lui fît mal, à l'image de leurs sentiments qui les détruisaient autant qu'ils les sauvegardaient.

"William ..." lui dit-elle d'une voix étouffée.

Elle ne pouvait plus respirer et finit par voir des étoiles. Quand il la lâcha elle était encore plus pâle que d'habitude et autant perturbée que lui parce qu'il lui avait fait physiquement mal et c'était inconcevable le matin même. Il l'avait bien sûr blessée à l'âme, plusieurs fois, comme quand il avait voulu l'empêcher de voir Nicolas, mais c'était toujours dans une bonne intention.
Les yeux bleus de William cherchaient ceux de Cassidy mais ne les trouvèrent pas tout de suite, et la jeune fille décela pour pour la première fois la part sombre de son frère. Oh, pas longtemps, juste quelques secondes, car dès qu'elle la saisit il s'écarta d'elle. Il lui tourna le dos pour la première fois. Ca faisait beaucoup de chose pour la Serdaigle.

"William !" l'appela t-elle.

Elle courut à sa suite car il marchait d'un pas long et rapide. Il ne ralentit ni ne s'arrêta quand elle l'appela, alors elle lui attrapa le bras, le retourna et frappa de ses deux poings sa poitrine. Pour la première fois des vraies larmes coulaient sur ses joues.

"Refait jamais ça !"

Le Serpentard avaient ouvert des vannes que sa soeur avaient mis des années à verrouiller et était ainsi responsable de sa chute vers les enfers. Cassidy tremblait de tous ses membres et les coups qu'elle portait à William étaient bien faibles.

"Ne me tourne jamais le dos comme ça Will ! Ne me laisse pas toute seule !!"

Essoufflée, elle finit par s'arrêter et posa son front contre le torse du jeune homme, la gorge étranglée par des sanglots.

"Ne va nul-part où je ne pourrais pas te suivre ... On ... on fait front ensemble ou on fuit ensemble."

Ce sentiment d'abandon lui donnait la nausée et elle commençait à entrevoir qu'une partie de William avait déjà commencé à lui échapper, ce n'était malheureusement pas finit. Cassidy avait du mal à s'arrêter de pleurer bien qu'elle déploya des efforts immenses pour cela.

William entendait sa sœur crier son nom derrière lui, mais il ne voulait pas se retourner. Il ne voulait pas qu'elle voit les quelques larmes qui s'étaient égarés sur ses joues. Des larmes de honte, des larmes de colère, des larmes de tristesse. Tout n'était que confusion dans sa tête. Il voulait à la fois consoler Cassidy, mais il voulait aussi échapper à son regard, à son jugement. Il voulait échapper avant tout, à lui même.
Elle lui attrapa violemment le bras et frappa son torse de ses petits poings faibles. Levant les yeux vers elle, il lui dévoila son visage baigné de larmes encore humides, déformé par le dégout de lui même. William attrapa les mains de Cassidy doucement, et les serra affectueusement.

- Cassi...

Ses mots s'étranglaient dans sa gorge, il avait du mal à parler et regarder le visage de sa sœur ne l'aidait pas. Lorsqu'elle appuya son front contre torse, il posa son menton sur sa tête et regarda dans le vide, sans l'enlacer. Après quelques minutes de silence pesant, il avait suffisamment reprit le contrôle de sa voix pour parler. Néanmoins, on pouvait entendre toute l'émotion qu'il éprouvait.

- Tu n'es pas seule... Chhhuut... disait-il en la consolant.

Il posa une main sur sa nuque et avec l'autre il essuya ses larmes.

- Je... Je ne sais pas quoi te dire Cassidy... Je suis désolée, bien sur, mais...

Il essayait de lui dire qu'il ne voulait pas l'embrigader dans toutes ces histoires, qu'il voulait la laisser en dehors de tout ça pour la protéger. Mais cela signifiait la sortir de sa vie, l'éloigner de lui pour un temps indéterminé. Et ça, il n'en était pas capable. Ils en souffriraient autant l'un que l'autre.

- Oublie ça... Je t'aime. Déraisonnablement. Je ne t'abandonnerais pas. C'est tout ce que tu dois savoir pour le moment.

En quête de marques d'affection qui ne venaient pas, le cœur de Cassidy se fendit. William avait fait son choix, il irait voir George Galbraith, il lui le lui avait clairement fait comprendre. La Serdaigle comprit alors que rien de ce qu'elle pourrait dire ou faire ne changerait quoi que ce soit dans ses intentions et elle capitula mais seulement en apparence. Au fond, elle était déçue et rien de ce que pouvait lui dire William n'effaçait ses sentiments, ni ses caresses, ni ses mots. Il la tenait un peu trop à l'écart de ce qu'il faisait et ça ne plaisait pas du tout à la Serdaigle. Sa confiance en lui s'en trouvait grandement mise à mal alors qu'autrefois elle savait qu'elle pouvait tout lui dire.


"Tout ce que je dois savoir ?" lui dit-elle d'un ton accusateur.

Elle le sonda longuement de ses yeux bruns avant de continuer à parler tout en essayant de ne pas se montrer émue par les larmes de son frère, en se cachant derrière les siennes.


"Quand je l'ai retrouvé, Nicolas Clark m'a dit que ce n'était pas Tom qui l'avait mis dans cet état-là. Il m'a dit que c'était toi. Je ne l'ai pas cru. Je ne l'ai pas cru et je t'ai défendu parce qu'avant je savais que jamais tu ne t'en prendrais à quelqu'un gratuitement, pour des histoires aussi idiotes que la question de la pureté du sang ..."

Il lui en coûtait de dire tout ça à William mais elle le devait.


"Avant, j'en étais sûre. Maintenant je ne sais pas. Parce qu'avant tu ne me cachais rien. C'est ... tu me mets à l'écart de ce qui fait ta vie ..."

Elle le regarda encore d'un air inquisiteur et finit par lui poser enfin la question.

"C'était toi ?"

William ne répondit pas a la première question de sa sœur. Il se contenta de claquer sa langue contre son palais d'un air désapprobateur en détournant son regard du sien.
Puis vint le moment où elle parla à nouveau de ce Nicolas Clark. Elle ne comprenait pas que ce n'était pas le bon jour pour l'agacer ? Il s'était passé plus de choses entre eux en 1h qu'en 10 ans. Mais Will ne s'attendait à pas à la question et aux accusations qui suivirent. Il était dépassé. Comment pouvait-elle penser ça de lui ? Comment pouvait-elle ne serait-ce qu'une seule seconde envisager ces choses là ? Certes, tout ce que disait Cassidy était la vérité. Mais William se voilait la face. Ses réflexions le montraient bien.
Il se retira vivement de l'accolade de Cassi et fit quelques pas en arrière en secouant la tête. Il n'allait pas s'énerver, il ne le ferait plus en sa présence. Mais il était réellement contrarié. Contrarié que Cassidy pense une telle chose de lui, contrarié qu'elle porte ce regard là sur lui, contrarié qu'elle ai tout compris. Et bien entendu, hors de lui qu'elle face plus confiance à Clark qu'à lui même. Mais il garderait tout ça pour lui, et repris son visage de marbre et son attitude de glace. Chose rarissime en la présence de sa sœur jumelle.

- Cassidy, lui dit-il sur un ton glacial. Comment peut-tu ne serait-ce qu'envisager cela ? Ne me connais-tu pas ?

Il parlait calmement, sans hausser la voix, mais on ne pouvait se méprendre sur son état d'esprit.

- Je te pensais plus intelligente que ça.... Comment peux-tu laisser Clark te monter contre moi ! Je suis réellement décu...

Il baissa la tête. Parce que tout ce qu'il disait était vrai, mais aussi parce qu'il avait honte. Il lui mentait pour la protéger, non pas pour la faire souffrir ou pour la manipuler. Dans la tête de William  sa cause était louable et il ne disait rien à Cassi pour l'écarter de toute représailles ou de tout danger dût à ses activités nocturnes. Mais une fois qu'il serait adulte et puissant, Cassidy n'aurait plus rien à craindre et ils pourraient tous les deux vivre dans un monde débarrassé de nuisibles tels que Clark. C'était son vœux le plus cher. C'est pour cela qu'il était inconcevable pour lui de dire la vérité a Cassidy.

Il se rapprocha d'elle, remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille et caressa sa joue affectueusement.

- Je suis ton frère... lui dit-il d'une voix douce. Tu ne peux pas penser ça de moi. Tu sais que j'en serais incapable. Je ne te met pas à l'écart contrairement à ce que tu crois. Je veux te protéger voilà tout. Chasse ses idées noires de ton esprit, Cassi adorée... Ton grand frère est là pour te protéger.

Cassidy serrait les dents aux paroles de William. Elle aurait tant souhaité avoir de la matière à réfuter ces immondes hypothèses ! Mais William ne la lui donna pas, bien au contraire. Quand il prit cet air autoritaire et qu'il fronça les sourcils, Cassidy eut l'impression de voir ... George Galbraith. Et cette image fût tellement violente qu'elle s'imprima dans son cœur de manière indélébile. La jeune Serdaigle était perdue, et ce n'était pas les paroles qui se voulaient rassurantes de Will qui allaient l'aider à retrouver la voie de la raison, mais pouvait-on parler réellement de raison quand il s'agissait du lien qui existait entre eux.

Cassidy secoua doucement la tête avec l'impression d'évoluer dans du coton. Que William pense que quelqu'un pouvait la monter contre lui était invraisemblable et cette accusation lui soulevait le coeur. Depuis quand avaient-ils cessé de se comprendre ? Depuis quand s'étaient-ils engagé sur des routes aussi différentes ?

Qui avait le premier tourné le dos à l'autre ?

"Mon frère jumeau ne me parlerait pas comme ça." lui dit-elle avec une froideur presque effrayante.

Pour la première fois le sentiment de sécurité qu'elle ressentait habituellement lorsqu'elle était à ses côtés ne se faisait pas sentir et c'était quelque-chose de très perturbant pour Cassidy qui baissa tristement la tête. Elle posa sa main sur la sienne et releva les yeux vers lui comme si elle avait soudain retrouvé un peu d'humanité, avant de se lover à nouveau dans ses bras. Parce que vivre sans William ce n'était pas du tout envisageable, mais il était indéniable que quelque-chose venait de se briser. Cassidy s'accorda encore un peu de larmes, et cherchait désespérément ce réconfort si familier qu'elle ne parvenait pourtant plus à trouver.

Lorsque William flancha enfin, Cassidy retrouva l'aplomb qui la tenait à la surface depuis plus de 10 ans. Son frère fondait littéralement dans ses bras, et elle, elle ne savait pas quoi faire. Elle devinait ce qu'il attendait, les paroles réconfortantes d'une soeur. Il avait besoin d'entendre qu'elle serait toujours là pour lui, et encore, ce n'était pas exactement. Il avait besoin de comprendre qu'elle le laisserait toujours être là pour elle et que son coeur était assez grand pour aimer plusieurs personnes à la fois. Le rejet de Will lui renvoyait un profond mal-être et Cassidy se laissa tomber à genoux avec son frère dans ses bras et pleura avec lui. C'était un mélange d'émotion subtil et intense, quelque-chose de grand qui se jouait là, comme s'ils venaient de comprendre que l'amour pouvait aussi séparer les gens.
Pleurer était très libérateur et Cassidy pleurait toutes ces dures années de retenue, la mort de sa mère, les séparations régulière avec Will, la peur qui la saisissait parfois quand elle était dans son lit et celle de voir surgir l'homme qui lui faisait le plus peur. Tout ce temps elle l'avait passé debout, la tête droite, à serrer les dents.

Quand elle réussit enfin à se calmer elle se sentait épuisée mais aussi beaucoup plus en paix, avec les idées plus claires aussi. Elle savait à présent ce qu'elle avait à faire. Elle prit la tête de son frère entre ses mains, et le regarda.

"Will, je suis ta sœur, et ça, ça ne changera jamais. Quoi qu'il advienne. Alors ... t'es pas obligé d'affronter ça tout seul. Tu n'as pas à tout supporter ... Je suis là moi aussi ..."

Elle essuya ses propres larmes avant de reprendre :

"Mais ... comprend que ... je suis capable de t'aimer en aimant d'autres personnes. Ca ne changera rien à ce qu'il y a entre nous, personne d'autre ne l'aura."

Et elle le reprit dans ses bras afin de lui apporter du réconfort.